
Mathieu Fulla vient de publier Les Socialistes français et l’économie (1944-1981) (Presses de Sciences Po, 470 p., 25 €).
Diriez-vous que les socialistes, depuis les années 1930, « trahissent », une fois au pouvoir, leurs idéaux économiques ?
L’étude sur le temps long des travaux des experts économistes du PS, de leurs programmes électoraux, mais aussi de leur application une fois au pouvoir montre qu’il n’y a pas réellement de « rupture ». Dès l’échec du Cartel des gauches [1924-1926], les socialistes cherchent à se défaire de leur réputation de « videurs des caisses » de l’Etat au nom des réformes sociales. En 1936, le Front populaire octroie certes les 40 heures et des hausses de salaires, mais Léon Blum reste dans le cadre libéral : il refuse le contrôle des capitaux, la dévaluation – dans un premier temps – et les nationalisations – à l’exception de celle de [l’industrie de] l’armement et de la Banque de France. La vraie rupture avec le libéralisme intervient en 1945, avec les nationalisations et la planification, mais elle fait alors l’unanimité, des communistes aux gaullistes !
Il vous reste 74.66% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.