Dans la tête de Marine Le Pen

On veut escamoter le premier parti de France ..

Vu Marine le Pen ce matin invitée sur CNews chez Romain Desarbres
J'ai eu la dent dure dans le passé contre Marine le Pen car j'estimais qu'elle était pénible à ressasser ses incantations qui manquaient de fraîcheur d'esprit et qui donc la desservaient plutôt que l'inverse. Cela engageait faiblement son discours et rendait quelque peu inaudible sa pensée profonde, alors qu'il suffisait pour elle de surfer sur l'actualité suffisamment éloquente comme ça qui n'a cessé de se dégrader jusqu'au moment où je vous parle. J'ai même dû l'appeler la poissonnière, il me semble. Ce n'est pas l'accabler que de dire qu'elle avait raté son débat présidentiel contre Macron en 2017. Ses lacunes en matière économique étaient patentes, sauf que, et là je m'élève contre toute la meute démagogue qui y avait vu quelque chose de rédhibitoire, à mi-parcours elle était même devant le Président entrant, lui assénant des coups de boutoir dont il avait du mal à se remettre.

Même si je continue de penser qu'elle passe mal en meeting par rapport à Zemmour par exemple à cause de la tonalité soporifique de ses discours qui manquaient singulièrement d'éloquence, contrairement au père de ce point de vue, aujourd'hui, en tout cas telle que je l'ai vue ce matin, elle a énormément changé et devient un challenger redoutable. Elle a progressé partout, y compris en économie, de manière considérable. Même son look a changé, elle est beaucoup plus coquette ! Je continue de lui reprocher les épisodes avec Zemmour dont elle n'avait pas intégré la critique, et son Bardella manquant de profondeur et de savoir historique. Mais force est de reconnaître qu'elle atteint là un statut de haut niveau qui lui permet aujourd'hui de briguer la première place de l'Etat. Elle a aujourd'hui ma confiance pour ce qui est de sa capacité à agir, même si je continue de lui préférer Zemmour. Et puis il faut noter son grand courage de femme face à une meute qui ne désarme pas. Un autre signe probant qu'entend le peuple venant d'elle, c'est qu'elle ne s'embourgeoise pas et elle a énormément d'empathie pour lui qui le lui rend bien d'ailleurs puisqu'il lui fait globalement confiance ce peuple piétiné des campagnes, y compris de l'Outremer, j'ai pu le constater, ce monde paysan grossièrement trompé par l'actuel Président qui veut la ruine de ce qui fait le charme et le capital vert français, préférant la voie perverse européenne !

Maintenant quant à son positionnement vis-à-vis de l'Ukraine, il est essentiellement tactique et prudent, néanmoins libre ; elle aura tout loisir de peaufiner sa pensée profonde.

Qu'est-ce qui lui manque au plan politique : de s'arranger avec Zemmour, Sarah Knafo, les penseurs du mouvement qui montrent le chemin à suivre, de recueillir des faveurs ou plutôt de contracter des alliances avec le camp républicain pour faire avancer en bon ordre toute une droite populaire spoliee depuis des décennies dans son droit légitime à l'alternance démocratique, et régler ce procès en sorcellerie qui lui est assigné de tous ceux qui la prétendent d'extrême-droite qui ne sont que des falots. La vérité n'est pas celle-là ..

Je ne sais pas si le RN + les amis de Ciotti vont rafler la mise sur ce coup là, il est indéniable qu'il y a une lame de fond droitière au service du peuple qui fissure pas mal l'etablishment bourgeois de France acoquiné par faiblesse à tout un système de valeurs qui a failli ; cette caste nantie qui caresse dans le sens du poil les pires ennemis de la France que sont Mélenchon et ses affidés islamistes. Qui donc tue en France aujourd'hui, décapite, viole nos femmes selon des moeurs barbares avec la bénédiction jacobine du sus bien-nommé, quand ce n'est pas avec la complicité objective de l'Etat français ? Et il faudrait se justifier de réprouver cela ? Ce masochisme national est inqualifiable ! On aurait tort de penser que c'est le moment ou jamais que doit se dresser la réaction, et qu'après ce sera trop tard ! Et ayant à l'esprit qu'il s'agit là d'un énorme complot contre la France mené par l'antiFrance allant de ses noirs conjurateurs d'officine aux nigauds irresponsables, ces idiots utiles qui s'en font l'écho, de toute la gauche réunie qui se retrouve en deux coups de cuillerée à pot comme un seul homme pensant nous refaire la blague de Toto sous les bombardements, nous bien sûr les gnolus de l'histoire !

il faut bien que s'agrége toute la droite populaire et même au-delà , que la vache reconnaisse son veau dans ce trouble politique actuel : la donnée centrale, invariable dans son principe, est que les choses vont continuer de s'aggraver quoiqu'il en soit. Mêmes maux, mêmes effets, et pire demain, puisque prospèrent sur notre sol nos ennemis envahisseurs. Il leur faut ça aux français, que voulez-vous : être dans la mouise jusqu'au cou pour commencer à réagir, on l' a déjà remarqué dans une Histoire récente. Coup de semonce d'accord, mais véritable lame de fond, j'en doute plus qu'un tsunami pour demain. Alors ne perdons pas espoir !

Un aparté, mais au fait que font ces partis confidentiels que sont les Patriotes et les gens de Dupont Aignan, au moment même où toutes les voix de droite doivent compter ? L'Histoire retiendra pour eux qu'ils se sont atomisés, car ils sont absents dans cette campagne législative, les égos les ont terrassés ! Il faut arrêter de se la raconter que diable, je sais que le pragmatisme n'est pas français, mais une fois la ligne franchie, on compte qui a passé la ligne et qui ne l'a pas passée.

Plutôt que de développer l'habituel discours de déploration concernant l'irrésistible ascension du front national le philosophe Michel Eltchaninoff nous propose dans son ouvrage “Dans la tête de Marine le Pen” de dégager les lignes de force d'un discours qui fonctionne dans une dynamique européenne qui voit émerger des régimes identitaires qui font vaciller les démocraties ouvertes. le philosophe brosse un tableau exhaustif de l'idéologie du nouveau FN, celui que la fille de Jean Marie a remis en ordre de marche après avoir épousseté les vieilles idoles et les grigris du parti. Désormais Marine le Pen n'hésite pas à se présenter comme l'incarnation d'une raison enveloppée sous l'apparence de la force tranquille Mitterrandienne. Jacques Ségala doit faire de mauvaise nuit même avec une Rolex au poignet. En renonçant aux marottes de Jean Marie, Marine peut se permettre de citer De Gaulle que son père haïssait. La démocratie identitaire qu'elle appelle de ses voeux à tous les contours de la douce France du petit village de province.
Marine le Pen incarne le changement inéluctable avec une classe politique corrompue. Elle a réussi ce que son père a échouer à créer : redonner à certains électeur l'idée que la République conserve des vertus protectrices. Ce que Jean Marie perdait par narcissisme, Marine le gagne par pur réalisme. Fini la rhétorique foutraque du chômage et de l'insécurité causée par l'immigration. Ce que pointe Michel Eltchaninoff c'est l'habileté d'un discours qui passe d'une forme de survivalisme caricatural – celui du père – à un discours d'adhésion aux méfaits de de la mondialisation dont l'immigration ne serait qu'une manifestation parmi d'autres. Pour Marine l'immigré vient travailler à la place du français et vise progressivement à le déraciner au coeur d'une économie néolibérale et apatride. Marine le Pen c'est la France des terroirs contre la France mondialisée.
Le philosophe pointe par ailleurs que l'une des composante du marinisme tient dans la dénonciation de l'islamisation de notre pays. La main d'oeuvre française sera progressivement remplacée par des musulmans profondément intolérants. Pour Marine le Pen la porosité entre Islam et islamisme est totale. du coup elle peut se draper dans une laïcité pure et dure qui l'éloigne du discours raciste et profondément antisémite de son père.
Le livre d'Eltchaninoff est un modèle d'analyse à la fois global et minutieux des idées du nouveau Front. C'est un livre puissant de déconstruction de l'idéologie frontiste qui met en évidence la rupture paradigmique qu'a instauré Marine le Pen pour donner à son parti une la légitimité républicaine qui lui faisait défaut. Il faut lire ce remarquable travail d'objectivation de la pensée frontiste qui ne cesse de vouloir s'autodédiaboliser dans un marinisme qui garde pourtant les réflexes d'exclusion du fondateur de son parti.
Archibald PLOOM (CULTURE-CHRONIQUE.COM)

Il faut sans doute une bonne dose de masochisme pour envisager une randonnée dans la tête de la fille du borgne. Ou être à l'aube d'un basculement.

Je lis donc cet ouvrage quelques heures avant le résultat des législatives.
Histoire de tenter de comprendre ce que je n'arrive toujours pas à comprendre entièrement. Et alors qu'il est des têtes dans lesquelles je n'ai vraiment pas envie de pénétrer.

Et il est bien difficile de trouver un fil directeur, d'autant que l'ouvrage se trouve un peu daté (édité en 2017 pourtant) tant il y a de la girouette et de l'opportunisme dans la « pensée » ici analysée.

Marrant de défendre le pouvoir d'achat et donc la consommation lorsque celle-ci était il y a quelques années la cause de tous les maux.

Marrant (non en fait) de vouloir donner le pouvoir au peuple lorsque l'on veut un État fort qui ne laissera que peu de place à celui-ci ; de dénoncer le totalitarisme -ahaha- de l'Union européenne lorsque l'on rêve soi même de totalitarisme et qu'on copine avec Poutine.

Marrant (toujours pas) la critique des médias lorsque l'on veut réformer tout l'audiovisuel public, ou celle des réseaux sociaux lorsqu'ils ont été si habilement utilisés.

Et toujours - bien que renommé aimablement de priorité nationale - ce vieux fond rance de racisme, de haine. Ah on n'est plus sur le racisme biologique de papa mais sur un bon vieux racisme social, culturel, ce qui ne change d'ailleurs pas grand chose.

La vitrine le Pen a peut-être été ripolinée. Mais la façade et le fond ont été mal préparés. Jean Marie aurait dit qui s'agit là d'un « boulot d'arabe ». Un comble.

Loin des livres d'actualité ou à tendance polémiques, Dans la tête de Marine le Pen est un travail approfondi de recherche autour du Front National porté par Marine le Pen (analyse des discours, entretiens avec les barons du parti, meetings...) La question préalable de l'auteur est simple : le Front National est-il toujours un parti d'extrême-droite après des années d'une auto-proclamée dédiabolisation ? Pas vraiment de spoiler ici : oui, puisque les 4 piliers des discours fascistes sont bien là, même si c'est à mots plus feutrés. Par exemple, l'antisémitisme n'est plus direct mais les sous-entendus suffisent à rassurer l'électorat originel. On y présente toujours la France comme un pays en déclin, à genoux, mais qui doit relever la tête et refuser de se soumettre (aux islamistes, aux banquiers, aux partisans de l'Europe...). Et bien sûr, une glorification de la terre, du terroir, de la ruralité, des racines.
Un ouvrage très intéressant qui va plus loin qu'une analyse de surface. Un ouvrage salutaire qui nous dit une chose : le Front National s'est peut-être modernisé mais dans le fond, rien n'a changé...

Après avoir décrit le FN de Jean Marie et ses fondations, l'auteur s'attarde sur la nouvelle présidente du FN pour décortiquer les "nouveaux codes" utilisés par le parti.
Ou comment faire du neuf avec du vieux ? Comment rallier à sa cause plus de partisans afin de ne plus être remisés comme un parti d'extrême mais comme un parti du peuple ?

Mettre en évidence les 4 piliers de l'extrême droite (à faire écho à autre chose...) : peuple, terre, vie et mythe - et ainsi petit à petit désosser le discours, les discours de sa présidente - on comprend mieux l'ascension, et donc la place qu'à pris ce parti en ces temps d'élection.

Ce livre, j'ai choisi de le lire entre les deux tours de scrutin. Ma lecture a été étayée d'événements, d'image, de vidéos qui sont venus se juxtaposer au texte. Je vous laisse seuls juges...

Ce livre peut faire peur mais pour moi il décrit surtout un judicieux virage opéré par le Front National pour coller à l'actualité, et aux besoins de la France. Il explique, argumente. Il n'excuse pas.